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Le dindon Noir de Sologne
Historique
Originaire du continent américain, c'est semble-t-il en 1518 que le dindon est importé d'Espagne en France par les missionnaires jésuites. D'abord considéré comme une volaille de luxe, il est servi sur la
Le dindon souffre d'une forte mortalité infantile due au " rouge ", c'est à dire l'apparition de caroncules, qui peut décimer la moitié, voire les trois quart d'un troupeau. Malgré tout, il va s'adapter particulièrement bien au milieu solognot des XVIII et XIX ème siècles. Selon la statistique de 1862, citée par Christian Poitou dans Paysans de Sologne, on recense plus de cent quarante mille dindons dans toute la Sologne, au sein de laquelle le canton de Neung-sur-Beuvron produit quarante deux mille têtes et celui de Salbris dix-sept mille animaux. Salbris eut d'ailleurs autrefois une importante foire aux dindons. A l'origine, la vente des dindes se voulaient essentiellement locale, principalement destinée au marché voisin. La fermière y acheminait son troupeau à pied sur dix à quinze kilomètres. Plus tard, les marchands démarchaient directement les fermes.
La seconde moitié du XIX ème siècle voit une évolution importante qui se prolongera jusque dans les années trente, le développement de la vente de dindon de Sologne au-delà de ses frontières. L'évènement est plus important qu'il n'y paraît : pour l'unique fois de son histoire l'agriculture solognote sort de son autarcie pour aller conquérir les marchés extérieurs. Bientôt, les dindons élevés en Sologne vont s'exporter outre-Manche et la Sologne devenir, avec la Sarthe et la Mayenne, une des principales régions d'expédition vers l'Angleterre au moment de Noël.
Vers 1900, M. Angot, médecin vétérinaire à Orléans rapporte à l'assemblée générale du Comité Central Agricole pour la Sologne une étude complète du dindon... "Les dindons de Sologne sont de plus en plus appréciés en Angleterre, car les expéditions qui ne dépassaient pas cent tonnes en 1880, ont atteint le chiffre de cinq cent quarante tonnes en 1898, et il est certain que cette progression ne fera que s'accroître si les éleveurs s'attachent davantage à produire des têtes plus fortement charpentées et mieux engraissées, et s'ils savent comprendre que le prix du kilogramme augmente avec le poids de la douzaine de dindons. La Sologne exporte chaque année environ quatre-vingt mille dindons, vendus actuellement à l'exportateur huit francs pièce en moyenne ; si les fermiers parviennent à augmenter leur poids seulement d'un tiers, ils doubleront leur prix de vente. On voit toute l'importance que doit prendre en Sologne l'industrie du dindon, si l'on peut arriver à faire grossir la race et à mieux faire l'engraissement."
table royale en 1570, pour le mariage de Charles IX. Peu à peu, le dindon investit les cours des fermes et trouvera bientôt une place de choix en Sologne. Le dindon remplacera alors le paon sur les tables de la noblesse qui se nourrit essentiellement de volailles et de gibiers.
Si le dindon s'acclimate si bien à la Sologne, c'est d'abord parce qu'il se contente d'une nourriture que des animaux plus gros jugeraient maigre, mais qui est suffisante pour ce volatile. Quelques graines, des baies, des insectes, des feuilles d'orties des épis de seigle et de sarrasin, " même les feuilles tendres de fougères " écrit La Giraudière font sont ordinaire.
Ensuite l'animal demande peu de surveillance pour peu qu'il soit pris un minimum de précaution, du moins si l'on en croit Gruau de Blangy, propriétaire à Millançay. Il écrit ainsi dans la seconde moitié du XVIII ème siècle : " Quand les petits sont éclos, on les laissent sous la mère un jour ou deux et, quand il fait beau, on les mets aux champs dans les prairies voisines de la maison, mais il faut empêcher la mère d'aller trop loin : pour cet effet on l'attache par une patte à un piquet par une longue corde d'environ une aulne et demie. On met à leur portée un vaisseau plein d'eau. On a ordinairement huit ou dix mères et un coq dans chaque maison. Elles pondent environ jusqu'à la mi-mars. On lève leurs oeufs à mesure jusqu'à ce qu'elles veuillent couver, alors on leur en donne vingt par chaque poule qu'on met dans un nid à bas et dans un endroit renfermé ; on a soin de leur porter à manger car elles se laisseraient plutôt mourir que de quitter leurs oeufs. N'étant pas sujettes à abandonner leurs oeufs au bout d'un temps fixe, lorsque les dindonneaux sont éclos ont leur donne à manger mais, comme tous les oeufs ne sont pas éclos en même temps, on met les oeufs restant d'une couvée sous une autre poule à laquelle on ôte les petits pour les faire mener à la première pendant que cette seconde achève de faire éclore les oeufs tardifs."
Dans cette optique le Comité central agricole mène une politique volontariste. Ses membres décident, dès 1898 de favoriser les croisements " avec des étalons de forte dimension " en faisant pour cela venir d'Angleterre des coqs de la race bronzée, vendus aux enchères à Lamotte-Beuvron. On tente de donner du sang neuf pour mettre en avant la qualité. Les instances agricoles locales vont tenter de convaincre les Solognots de changer quelques peu leurs méthodes d'élevage afin de former une véritable " industrie du dindon."
Dans les faits, il sera ardu de changer les habitudes, les fermières étant occupées à trop de tâches, elles ne peuvent donner à la basse-cour les soins nécessaires à un élevage intensif. La non motivation des Solognots pour l'élevage intensif, les épidémies de rouge, les difficultés du transport et les exigences des consommatrices britanniques feront que l'industrie du dindon solognot ne verra jamais le jour. A l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, la production solognote à déjà ... du plomb dans l'aile.
Le cheptel de dindons ne cessera de diminuer jusqu'à aujourd'hui !
Les textes sont extraits du magazine
La Sologne n°116 et écrits par David ALFROY.
Généralité
Les dindons noirs ne sont pas rares en France que ce soient les dindons de race ou les dindons industriels. Quelques éleveurs sélectionnent les dindons noirs de Sologne depuis de longues années en race pure.
Les photos récentes sont de Jacques BERGER.